TRAVAIL – La semaine de 4 jours va-t-elle devenir la règle ?

La semaine de 4 jours va-t-elle devenir la norme ? Rien n’est moins sûr, mais l’idée fait son chemin en France et en Europe, où fleurissent les initiatives et expérimentations de cette nouvelle forme d’organisation du travail.

Depuis le test grandeur nature mené par 4 Day Week Global et 4 Day Week UK chez nos voisins britanniques, avec 61 entreprises participantes et 2 900 salariés, la semaine de 4 jours a acquis une nouvelle forme de légitimité dans le débat public. Au Royaume-Uni, sur la totalité des entreprises l’ayant expérimenté, 92 % ont décidé de poursuivre la semaine de 4 jours et 18 d’entre elles l’ont définitivement adoptée. L’idée fait des émules au coeur même de l’administration britannique comme en témoigne le prolongement d’une expérimentation dans le district du South Cambridgeshire.

En Allemagne, l’imposant syndicat de l’industrie IG Metall a mis la réduction du temps de travail et la semaine de 4 jours au sommet de sa liste de revendications. En Italie, la première banque transalpine, Intesa Sanpaolo a introduit la semaine de 4 jours auprès de ses 74 000 employés. On retrouve des initiatives similaires en Espagne et en Belgique.

Des effets significatifs sur le bien-être

En France, 10 000 salariés seraient concernés selon le ministère du Travail. La boîte de conseil Accenture ou l’entreprise d’informatique LDLC ont d’ores et déjà sauté le pas. Une expérimentation a également eu lieu au sein d’Elmy, une entreprise spécialisée dans la gestion énergétique. Depuis le mois de mars, des agents de l’Urssaf en Picardie ont désormais cette possibilité. La CFE-CGC a demandé « une grande concertation sur l’organisation du travail » à France Assureurs, le lobby des entreprises du secteur avec pour modèle la semaine de 4 jours.

Pourquoi un tel engouement ? Les expérimentations menées présentent de nombreux aspects positifs. Sur le bien-être des salariés, la semaine de 4 jours aurait des effets significatifs. Moins d’anxiété, de fatigue professionnelle et d’insomnie, une meilleure qualité de vie au travail, un équilibre plus juste entre vie professionnelle et vie privée, et prévention des risques psychosociaux. Les employeurs plaident aussi en faveur de ce mode d’organisation du travail. Les expérimentations ont démontré une baisse non négligeable des démissions et une réduction des arrêts maladie. De plus, la semaine de 4 jours favorise l’attractivité de secteurs en proie à des difficultés de recrutement. Depuis la crise du Covid-19, de nombreuses personnes aspirent à travailler différemment, notamment chez les jeunes générations. La semaine de 4 jours devient ainsi un appât à diplômés pour les entreprises.

Cependant, elle n’est pas en passe de devenir la règle. Pour le gouvernement, la réduction du temps de travail n’est pas à l’ordre du jour. L’ancien président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, déclarait en mai dernier que « la semaine de 4 jours n’est pas une solution ». Quelques voix dissonantes appellent également à la vigilance concernant les modalités de son application. La réduction du temps de travail ne doit pas devenir une source de surmenage pour les travailleurs. En outre, la réalisation d’une même quantité de travail avec un jour de moins, peut impacter les instants de sociabilité en entreprise.

Kevin NECTOUX